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La petite Salvinie (Salvinia minima), une espèce exotique originaire d’Amérique du Sud, a été observée pour la première fois sur le territoire d’agrément du CBN de Brest dans le département de l’Orne. Il s’agirait de la seule localité connue en France en milieu naturel ; l’autre population découverte il y a 3 ans en Charente-Maritime ayant été éradiquée depuis (Jean-Marc Tison, comm. pers. 2023).

Cette espèce appréciée des amateurs d’aquariophilie a été signalée sur la commune de Saint-Roch-sur-Egrenne (61), en contact avec une station de Luronium natans connue depuis plusieurs années du Cen Normandie.

Le biotope où se situe la population correspond à un bras peu actif de la rivière Egrenne. Deux stations ont été découvertes, l’une dans une dépression humide exondée, plus ou moins ombragée, la seconde dans la portion en eau du bras de l’Egrenne. La station exondée paraît relativement restreinte (quelques m²) ; la station « flottante » montre en revanche un recouvrement important et monospécifique, traduisant le caractère envahissant de la plante.

Cette fougère aquatique se distingue des autres espèces du genre Salvinia par la petite taille des frondes (longueur ne dépassant pas les 2 cm et largeur inférieure à 1cm) et par la structure de poils présents sur la face supérieure. En effet, ces poils translucides sont portés par un « pied » plus long que large et les poils à son sommet sont toujours disjoints.

Une surveillance est d’ores et déjà mise en place afin d’évaluer le risque d’envahissement engendré par celle-ci sur les populations d’espèces indigènes (notamment ici Luronium natans : espèce protégée à l’échelle nationale et inscrite à l’annexe II de la directive HFF).

Sa présence établie dans le réseau hydrographique, laisse présager une propagation dans le cours de l’Egrenne, dans les zones plus en aval, toutes aussi propices à son installation.

Même s’il est possible que le froid hivernal puisse éradiquer l’espèce, nos hivers de plus en plus doux lui permettront peut-être de résister comme c’est le cas par exemple pour la Laitue d’eau (Pistia stratiotes) observée dans le Calvados deux années de suite avec une nette progression de la population.

Enfin, il faut savoir qu‘une autre espèce du même genre, Salvinia molesta, fait déjà partie de la liste des espèces préoccupantes de l’Union Européenne et figure à l’Annexe 1-3 de l’arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain.

 

Découverte de l’espèce et relecture : William Arial_Cen Normandie

Rédaction : Timothée Prey

Détermination : Timothée Prey, CBN Brest avec l’aide de Fabien Dortel, CBN de Brest


Aspect général de Salvinia minima © T. Prey

Aspect général de Salvinia minima © T. Prey

 


Structure typique des poils à la face supérieure de la fronde © T. Prey

Station exondée : Salvinia minima en mélange avec Luronium natans © W. Arial

Station flottante : recouvrement abondant et monospécifique de Salvinia minima © W. Arial

 

Contact : Thomas Bousquet, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.