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A l’heure où la pression sur la biodiversité s’accroît, il devient important de se préoccuper des vestiges de la flore disparue. D’autant plus que les travaux de recherche ponctuels entrepris sur la viabilité de certaines graines ont révélé leur étonnante longévité. Depuis 2013, ce programme recherche des graines d'espèces éteintes endémiques des Balkans sur les anciennes stations naturelles ou dans des herbiers anciens afin d'étuder leurs potentialités de germination.

Les origines

CYLINDROCLINE LORENCEI : les premiers essais de propagation in vitro

Le programme « Résurrection des espèces disparues » puise ses origines dans l’histoire du Cylindrocline lorencei. Le Conservatoire botanique, accompagné de Klorane Botanical Foundation, a fait appel à Vegenov dès
2009 pour multiplier par micropropagation in vitro plusieurs centaines de jeunes sujets de cette plante de l’île Maurice considérée comme éteinte. Cette méthode a permis de faire face aux essais de bouturage assez difficiles afin de pouvoir maîtriser à grande échelle toutes les étapes de la culture, de l’éprouvette à la réintroduction en passant par l’acclimatation. 84 plants de Cylindrocline lorencei ont désormais rejoint l’île Maurice après trois années de rapatriement.

Banksia de Lapérouse : les premières observations microscopiques

En 2010, le Conservatoire botanique a reçu un émouvant témoignage de l’Histoire scientifique et maritime : six graines de Banksia ericifolia extraites d’une épave de l’expédition La Pérouse après 200 ans d’immersion. Outre la dimension symbolique de ce retour à Brest, ville d’où s’élança l’expédition scientifique en 1785, le Conservatoire botanique, avec le concours de l’INRA de Dijon et de Vegenov, de l’Ambassade d’Australie et de Klorane Botanical Foundation, s’est lancé dans la mise au point d’un protocole scientifique : détecter la présence de tissus vivants à l’intérieur des graines et, à partir de ces tissus, régénérer des plantes entières afin d’offrir enfin aux brestois un Banksia collecté par La Pérouse.

Malheureusement les graines du Banksia de La Pérouse ne contiennent aucune présence de vie permettant d’envisager leur régénération. Mais il s’avère que le protocole scientifique mis en oeuvre est exemplaire et ouvre la voie à un projet de recherche original : régénérer des plantes sauvages disparues à partir de graines d’herbiers ou de banques du sol en s’inspirant des techniques et des recherches déployées.

 

Objectifs du programme "Résurrection"

Le programme de recherche scientifique « Résurrection des espèces disparues » a pour objectif de régénérer des espèces éteintes à partir de semences anciennes, issues d’herbiers ou de la banque du sol. Une mission unique pour assurer une conservation de la biodiversité mondiale en laboratoire, et si possible en nature.

  • Choisir des espèces cibles après analyse de cas de longévité exceptionnelle
  • Rechercher des graines dans la banque du sol ou en herbiers
  • Mettre au point d'un protocole de microscopie adapté pour analyser la présence de tissus vivants
  • Mettre au point des protocoles spécifiques de biotechnologie végétale pour régénérer des plantes entières

Actualités

La découverte d'une espèce disparue endémique de Grèce

 

Partenaires

En savoir plus

Une websérie sur le programme "Résurrection des espèces disparues"

Rapport d'activité 2015 - page 21

Rapport d'activité 2014 - page 21

Dossier de presse "Résurrection des espèces disparues" (2019)

Dossier de presse "200 ans après le naufrage de La Boussole, le Banksia de La Pérouse nous livre ses secrets..." (2012)

Le programme "Sauvetages et retours de plantes menacées à l'île Maurice"

Pour prolonger les actions de réintroduction initiées dans l’archipel mauricien, le programme Astiria développé de 2016 à 2019 propose une expertise et des outils méthodologiques partagés afin de coordonner la mise en oeuvre d'actions de conservation plus efficaces en nature et en culture.

Contexte

Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature, Maurice est le 3ème pays au monde comptant le plus grand nombre d'espèces disparues. Il présente aussi un taux d'endémisme parmi les plus elevés au monde. Deux records qui représentent des enjeux majeurs pour la préservation de la biodiversité mondiale.

Des colis de plantes sont régulièrement expédiés par le Conservatoire botanique au National Parks and Conservation Service de Maurice, au Forestry Service et au Mauritius Wildlife Foundation afin de rapatrier et de réintroduire en nature les espèces végétales disparues et menacées cultivées à Brest. Ces efforts fournis sont indispensables au sauvetage des espèces les plus vulnérables de la région mais demeurent ponctuels. Du processus d'acquisition de la connaissance jusqu'à la mise en oeuvre d'actions opérationnelles, les outils à dispositions des acteurs mauriciens souffrent de lacunes importantes. Ce nouveau programme ASTIRIA propose une vision globale et intégrée de la conservation.

Le saviez-vous ? Astiria est un genre endémique de Maurice, éteint depuis le 19e siècle. C'est un symbole de l'évolution biologique locale et des richesses de l'archipel mais aussi l'illustration d'un déclin et de la nécessité d'intégrer davantage les enjeux de conservation

 

Objectifs

  • Améliorer la connaissance des plantes sauvages endémiques de Maurice et de Rodrigues: état des lieux des données floristiques et des données sur les habitats, constitution d'une base de données pour structurer les connaissances dispersées des acteurs du réseau de la conservation...
  • Piloter les réintroductions et les renforcements d’espèces menacées provenant des collections du Conservatoire botanique à Brest
  • Contribuer à l’élaboration et la réalisation des plans de conservation en nature et en culture des espèces végétales et des habitats naturels les plus menacés
  • Renforcer des banques de semences pour la conservation à long terme des espèces endémiques de la région des Mascareignes
  • Communiquer et partager les expériences sur le modèle français unique des Conservatoires botaniques nationaux

Actualités

Partenaires

Programmes associés

Contact

Stéphane Buord
Directeur scientifique des actions internationales
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

En savoir plus

"Conservation du patrimoine mauricien" sur le site de la Klorane Botanical Foundation

"Programme Astiria" sur le site de la Fondation Tany Meva

Récemment découvert, Zelkova sicula est pourtant une véritable fossile vivant de l’époque tertiaire ! Cet arbre endémique de Sicile (Italie) est aujourd'hui menacé par les modifications de son milieu de vie. Il ne reste, dans la nature, que quelques rares spécimens... La Région Sicile a sollicité le Conservatoire botanique national de Brest pour le montage d’un programme visant à sa préservation.

Contexte

Le Bassin méditerranéen est le 3ème hotspot le plus riche du monde en diversité végétale.

On y trouve environ 30 000 espèces de plantes, dont plus de 13 000 endémiques, c’est-à-dire n’existant nulle part ailleurs. C’est le cas de Zelkova sicula, cet arbre endémique de Sicile est une espèce de haute valeur patrimoniale.

Seulement deux individus vivent sur quelques milliers de mètres carrés dans deux petits vallons dont le site Natura 2000 "Bosco Pisano" à Buccheri et le site de Cirana. Ils sont particulièrement menacés par la pâturage extensif , des modifications de leurs habitats et des problèmes de reproduction.

En raison de son extrême rareté et de son risque grave d’extinction, l’espèce est alors classée "en danger critique" sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature et figure au "Top 50 des plantes menacées des îles méditerranéennes".

Zelkova sicula, un fossile vivant ? Cet arbre appartient au genre Zelkova qui a une valeur symbolique pour la paléobiogéographie et la biologie de la conservation. Il était très commun dans les forêts luxuriantes d’Europe durant l’ère tertiaire. Les changements climatiques au début des glaciations du Pléistocène ont causé sa raréfaction. Il a réussi à trouver refuge au sud de la péninsule italienne jusqu’à nos jours ! Ce n’est que dans deux îles méditerranéennes, où les effets de la glaciation ont été moins sévères, que l’on trouve encore aujourd’hui les deux espèces survivantes. Bien que menacé, Zelkova abelicea demeure bien présent en Crète tandis que Zelkova sicula est devenu extrêmement rare en Sicile.

Objectifs

Le programme européen 2011-2017 LIFE+ "Zelkov@zione - Urgent actions to prevent the extinction of the critically endangered Zelkova sicula from Sicily" vise à améliorer les conditions de préservation de Zelkova sicula. Le Conservatoire botanique apporte son expertise scientifique et technique pour la mise en place d’un protocole de multiplication et le lancement d’une multiplication massive, le maintien de la diversité des populations par la culture de doublons de sécurité et leur diffusion auprès d’autres institutions scientifiques internationales.

Les résultats attendus sont :

  • Consolidation des populations naturelles
  • Restauration des habitats forestiers
  • Diffusion de l’espèce dans de nouveaux sites naturels
  • Mise en sécurité de plantes dans des centres publiques de conservation tels le Centre pour la conservation du germoplasme de Marianelli et le Conservatoire botanique national de Brest
  • Reconnaissance de l’état d’espèce protégée au niveau régional et lancement de procédures pour son insertion dans la liste des "espèces prioritaires" de la directive européenne Habitat-Faune-Flore
  • Standardisation des procédures normatives pour la protection des espèces menacées
  • Sensibilisation de l’opinion publique sur le problème global de la conservation de la biodiversité.

Partenaires

  • Union européenne - programme LIFE+
  • Conseil national des recherches – Institut de génétique végétale d'Italie (CNR-IGV)
  • Département régional de l’Environnement de la Région Sicile (DRA)
  • Département régional de l’Office des forêts domaniales de la Région Sicile (DRAFD)
  • Legambiente

En savoir plus

Site web dédié au programme LIFE+ "Zelkov@zione"

Article sur Zelkova sicula dans BGJournal (2015)

Dossier de presse "Rencontre d’experts européens à Brest, autour de Zelkova sicula, emblème du patrimoine sicilien" (2013)

Article sur Zelkova sicula dans Biodiversity Journal (2012)

De 2011 à 2015, le Conservatoire botanique national de Brest porte un important programme de réintroduction de 30 espèces éteintes ou menacées de disparition à l’île Maurice. Cette opération exceptionnelle et complexe est l’aboutissement d’une action de conservation menée depuis près de 40 ans.

Contexte

Surgie de l’Océan Indien il y a 8 millions d’années, l’île Maurice abrite de très nombreuses espèces végétales et animales uniques au monde, elle présente ainsi un taux d’endémisme parmi les plus élevés de la planète. Mais cette petite île a perdu un grand nombre de ses espèces. En l’absence de structures et de politiques locales spécialisées dans la conservation végétale, le Conservatoire botanique a initié dans les années 70 la création de la plus grande collection au monde de plantes menacées de l’île. Cette étape a permis de sauvegarder de nombreuses espèces qui auraient sans cela disparues aujourd’hui.

De 2011 à 2015, il mène le programme de réintroduction "Retour de plantes menacées à Maurice". Ce programme est une première dans le domaine de la conservation. Il est le fruit de quatre décennies d’efforts allant du sauvetage in extremis à la réintroduction d'espèces dans leurs milieux naturels d’origine. Parmi la trentaine d’espèces des collections brestoises concernées, certaines ont fait l’objet d’attention et de soins tout particuliers, de partenariats scientifiques, techniques et financiers engagés dans la durée, sans lesquels aucune perspective de réintroduction en nature n’aurait été envisageable.

Dombeya mauritiana : les fleurs du mâle

Ce Dombeya endémique présente la particularité d’être dioïque : ses arbres sont soit mâles et soit femelles. Or en 1993, l'unique plant connu était mâle. Pour éviter une inéluctable extinction, il fut mis en culture au Conservatoire botanique. Par le biais d’un traitement hormonal adapté, des fleurs mâles ont été transformées en fleurs femelles puis, après pollinisation, ces fleurs ont donné des graines. Cette première mondiale a permis de sauvegarder l'espèce.

Cylindrocline lorencei : une régénération

L’histoire de Cylindrocline commence en 1977 lorsque Jean-Yves Lesouëf récolte les graines des plants encore présents à l'état sauvage juste avant leur disparition définitive en 1990. Le Conservatoire botanique les avait cependant placé en banque de graines mais celles-ci étaient incapables de germer naturellement. Grâce à l’utilisation des biotechnologies en collaboration avec l'INRA de Ploudaniel, il réussit en 2000 à régénérer des plantes entières.

Il s’agit alors d’une première mondiale au service de la conservation de la biodiversité. Les essais de bouturage assez difficiles et le manque d’individus et de graines viables conduisent ensuite le Conservatoire à se tourner vers Vegenov pour multiplier à plus grande échelle, par micropropagation in vitro, des centaines de plantes dès 2009.

 

Objectifs

  • Multiplication à Brest des espèces endémiques menacées
  • Développement de partenariats avec les principaux organismes responsables de l’environnement mauricien, signature officielle d’une convention de coopération avec le gouvernement mauricien
  • Rapatriement des 30 espèces les plus rares vers les structures de conservation dédiées existantes permettant d’assurer l’acclimatation des plantes avant leur réintroduction dans leur environnement d’origine

En vidéo

Partenaires

 

Suites du programme 

Contact

Stéphane Buord
Directeur scientifique des actions internationales
Conservatoire botanique national de Brest
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

En savoir plus

Le Courrier de la Nature n°267, mars-avril 2012, p. 22-29 : "Réintroduction d'espèces végétales endémiques à l'île Maurice"

Dossier de presse "Défi écologique : retour de plantes disparues sur leur île natale" (2011)

Programme Astiria à Maurice

Haïti compte 1500 espèces de plantes à fleurs et de fougères endémiques c'est-à-dire qu'on ne trouve que dans cette seule région au monde : une richesse végétale incroyable. Mais la déforestation massive entraîne la disparition d'un grand nombre d'entre elles comme le Genévrier d'Ekman (Juniperus gracilior var. ekmanii) dont il n'existe plus que sept arbres... 

Contexte

Le patrimoine végétal d'Haïti menacé de disparition

Les îles Caraïbes abritent 11000 espèces végétales dont 72% endémiques, c’est-à-dire qu’elles n’existent que dans cette région du monde. Parmi ces îles, Haïti est certainement l’une des plus déforestées. On considère aujourd'hui que moins de 3% du territoire haïtien est couvert de forêts alors qu’en 1923 elles en couvraient 60%. Cette déforestation fragilise les milieux naturels et entraîne la disparition d’espèces végétales comme dans le le Genévrier d’Ekman en Forêt des Pins.

Le Genévrier d'Ekman, un arbre emblèmatique

Depuis 1998, le Genévrier d’Ekman est classé "en danger critique d’extinction" sur la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Il figure parmi les espèces les plus menacées au monde, avant même le Panda géant. Son bois était utilisé pour la sculpture en raison de sa couleur rougeâtre et de ses belles rainures. Ses branches servaient également de bois de chauffage. Son nom lui vient d’Ekman, un botaniste suédois qui a prospecté Haïti dans les années 1920. Il a également donné son nom au célèbre Herbier Ekman de l’Université de Port au Prince.

A Haïti, il existe uniquement sept genévriers situés dans la Forêt des Pins sur le Massif de la Selle. Aujourd’hui, cette population est qualifiée de très faible et en diminution. Des mesures de préservation sont donc nécessaires pour sauver cet arbre et son milieu de l’extinction.

Deux programmes

Dans le cadre d’un appel à projet international lancé par le Critical Ecosystem Partnership Fund, l’Arche aux Plantes, le Conservatoire botanique, l’OPDFM, l’Université de Port au Prince et Vegenov, ont proposé en 2013-2015 le programme "Sauver le Genévrier d’Ekman et préserver la flore de la Forêt des Pins à Haïti". Ce programme porté par L’Arche aux plantes associe l’expertise technique et scientifique du Conservatoire botanique en matière d’étude et de conservation d’espèces végétales patrimoniales à l’échelle internationale et l'expérience de terrain de l'OPDFM notamment au niveau des reboisements de parcelles déforestées ou encore d’actions de sensibilisation auprès des populations locales.

Un nouveau programme 2016-2018 est actuellement en cours avec Vegenov et la Fondation Yves Rocher pour permettre de maitriser les étapes complexes de la multiplication in vitro du Genévrier d'Ekman puis d'envisager leur rapatriement et leur réintroduction dans leur milieu d'origine.

Résultats attendus

  • Inventaires botaniques, liste d’espèces patrimoniales, enquête ethnobotanique
  • Etat des lieux des enjeux de conservation
  • Mise à jour du plan de gestion et suivi des reboisements : 150 hectares reboisés, 100 hectares de forêts de feuillus (Rack bwa) mis en défens
  • Multiplication des espèces patrimoniales
  • Création d’un jardin de plantes endémiques
  • Multiplication in vitro du Genévrier d’Ekman et rapatriement à Haïti

Partenaires

2013-2015

2016-2018

En savoir plus

Dossier de presse "Au secours du Genévrier d’Ekman et de la flore d’Haïti" (2014)

Nous avons choisi de vous présenter une diversité d'actions menées par le Conservatoire botanique national de Brest dans l'Ouest de la France et dans les hauts lieux de biodiversité mondiaux. Il ne s'agit pas d'une liste exhaustive. Faites votre choix !

Plantes à fleurs et fougères Algues, lichens et mousses Milieux naturels