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Lophocolea semiteres est une hépatique à feuilles exotique qui a été découverte en 2011 en France, dans la région des Hauts-de-France. Depuis, elle a été observée dans le Calvados en 2017 et en 2021 dans le Finistère où une dizaine de stations sont maintenant connues, principalement autour de Brest.

Le genre Lophocolea est représenté par cinq espèces en Bretagne dont 2 sont très communes : L. bidentata et L. heterophylla. Elles se caractérisent par une couleur pâle, des feuilles rectangulaires, bilobées et dont les plants sont fortement aromatiques et dégagent une odeur de camphre.

L. semiteres se distingue des deux autres espèces par la forme de ses feuilles à l’extrémité plutôt arrondie et très peu, voire non lobée. L’autre différence est qu’il s’agit d’une espèce dioïque : les individus mâles et femelles sont distincts, à l’inverse des deux autres Lophocolea citées avant où les organes reproducteurs sont développés sur le même individu.

Les stations présentes dans le Finistère sont observées toujours en contexte d'aménagement humain sur de la terre : bas-côtés de routes sur remblai, talus délimitant des jardins ou espaces verts. Elles sont pour l’instant peu nombreuses et il est difficile de savoir si leur découverte récente est due à l’expansion de l’espèce sur le territoire ou à une accentuation des prospections lors des dernières années.

Actuellement, les informations connues sur cette espèce en France sont trop faibles pour savoir si L. semiteres possède un caractère invasif.

 

Si vous pensez l’avoir observé, vous pouvez saisir vos observations sur ecolibry et contribuer à améliorer les connaissances sur les bryophytes.

 


Détail de la station sur talus © Paol Kerinec - CBN Brest

Talus sur remblai abritant L. semiteres © Paol Kerinec - CBN Brest

 

 

En raison des dégâts occasionnés par le passage de la tempête Ciaran,

le jardin et les serres tropicales du Conservatoire botanique

resteront fermés jusqu'à nouvel ordre.

Nous vous remercions de votre compréhension

À l'été 2022, plus de 2200 hectares d'espaces naturels d'intérêt écologique majeur ont été incendiés dans les monts d'Arrée. Un an plus tard, les experts qui assurent le suivi environnemental et paysager depuis l'incendie présentent leurs conclusions.

Site des « noces de Pierre » où le feu était « courant », observatoire photographique du Parc d’Armorique

23 mai 2023. Site des « noces de Pierre » où le feu était « courant », observatoire photographique du Parc d’Armorique

Un collège d’experts chargé de prendre le pouls de la régénération de la nature

Suite à l'incendie, le Conseil Départemental du Finistère et la Préfecture ont lancé un plan de restauration des monts d'Arrée qui réunit tous les acteurs du territoire autour de groupes de travail thématiques.

Dans ce cadre, un collège d'experts piloté par le Parc d'Armorique, opérateur du site Natura 2000 des monts d'Arrée, et réunissant le Département du Finistère, Bretagne Vivante, le Conservatoire botanique national de Brest, le Groupe mammalogique breton, la Fédération de chasse du Finistère et l’Université de Brest, s'affaire depuis un an au diagnostic et au suivi environnemental et paysager des secteurs incendiés. Ce travail consiste à voir comment la faune et la flore réagissent et, si besoin, à envisager des actions de restauration écologique

 

Des milieux d’intérêt écologique de niveau international 

Réparti sur 10 000 hectares, le site Natura 2000 des monts d’Arrée abrite le plus grand ensemble de landes atlantiques de France et le plus important complexe de tourbières de Bretagne. Gérés durablement, ces milieux rendent de nombreux services : stockage de l’eau et du carbone, refuge pour des espèces animales et végétales, source de revenus pour les agriculteurs, pare-feux naturels contre les incendies...

L’été dernier, plus de 2000 hectares ont brûlé, soit plus de 20% du site Natura 2000 des monts d’Arrée. La surface touchée concerne plus de 1000 hectares de landes sèches à mésophiles et 650 hectares de landes humides et de tourbières, auxquels s’ajoutent d’autres milieux remarquables comme les prairies humides.

 

Un retour de la végétation différent selon la nature des sites touchés

La capacité de régénération est différente entre les zones où le feu était « courant » (déplacement rapide du front de flammes) et les zones où le feu a « stagné ». Après le feu « courant », les premières pousses de molinies étaient observables quelques semaines après les incendies. En revanche, sur les zones où le feu a stagné et couvé plus en profondeur, les propriétés des sols ont été modifiées, impactant davantage la banque de graines présentes dans le sol. Sur ces secteurs, la nature reprend ses droits de manière plus progressive. Souvent, ce sont des mousses pionnières qui s’y installent, en particulier la Funaire hygrométrique qui est une espèce typique des places à feu. Actuellement, nous observons sur les flancs du Mont-Saint-Michel-de-Brasparts des placages rougeâtres formés par cette mousse. 

Après un premier état des lieux réalisé cet hiver par José Durfort, le Conservatoire botanique national de Brest réalise actuellement des relevés pour permettre un suivi de la reprise de la végétation des landes et des tourbières. Les premières impressions de terrain montrent que les landes entretenues par la fauche ou le pâturage ont moins souffert des incendies, le feu ayant moins de matière à brûler, ce qui a évité sa stagnation. On y observe une reprise des bruyères et des ajoncs à partir des anciennes souches. Sur des secteurs où le feu était plus intense, la reprise de la végétation se fait surtout à partir de graines. Le suivi sur le long cours permettra de voir si les plantules pourront survivre durablement, notamment dans les conditions actuelles de sécheresse. Nous savons que les monts d’Arrée ont déjà connu plusieurs incendies et que la nature est résiliente, à condition de lui laisser le temps.

Un premier bilan réalisé juste après les incendies a mis en évidence que des stations de 24 espèces végétales à forte valeur patrimoniale, dont plusieurs espèces rares et protégées, ont été touchées par les feux. Sont concernées notamment : le Malaxis des marais (Hammarbya paludosa), la Sphaigne de la Pylaie (Sphagnum pylaesii, espèce d’intérêt communautaire), le Lycopode sélagine (Huperzia selago), les Droséras, le Lycopode inondé (Lycopodiella inundata), etc. Des suivis sont prévus cet été pour mesurer le réel impact sur ces espèces mais aussi évaluer la nécessité et la faisabilité d’opérations de restauration dans l’état actuel des milieux naturels. Les interrogations restent nombreuses et il faudra probablement plusieurs années pour pouvoir tirer des conclusions.

 

Un impact partiel sur les paysages

Pour la première fois dans les monts d’Arrée, un observatoire photographique des paysages incendiés a été mis en place par le Parc en mars 2023. Cette démarche inédite permet de suivre leur évolution au moment de la reprise de la végétation. Une quinzaine de points de vue, répartis de manière à couvrir la diversité des paysages de la zone impactée, sont suivis toutes les deux semaines. 

Si l’on observe plus de marques du passage des incendies sur les crêtes que sur le Yeun Elez, l’impact sur les formes paysagères reste globalement partiel. Mis à part la suppression de quelques massifs de résineux ou la présence d’arbres calcinés, le changement des formes paysagères se trouve principalement dans la révélation du réseau de levées de terre ou de talus nus. Cet héritage d’une ancienne pratique agro-pastorale a été révélé par le feu qui a brûlé la végétation abondante de la lande et les espaces enfrichés.


Le suivi régulier par la photographie permet d’étudier les changements de couleurs du paysage. Marqueur de l’évolution de la végétation, la forte variation des nuances au cours des saisons est un élément caractéristique de la lande. On observe donc de nouvelles teintes témoignant du passage du feu, notamment la présence de tons sombres (noir, brun…), qui tendent à se verdir dans le temps avec la croissance de la Molinie, ainsi que l’apparition de nouvelles couleurs comme l’orange de la Funaire hygrométrique (précédemment citée). Le paysage est aussi particulièrement marqué depuis la fin de l’hiver par la couleur blanche du grès armoricain au sommet du mont Saint-Michel ou du Tuchenn Kador.

Funaria hygrometrica, la Funaire hygromètre © Thomas Begoc

 

Hammarbya paludosa, le Malaxis des marais © Hermann Guitton (CBN Brest)

 

Huperzia selago, le Lycopode selagine © Loïc Ruellan (CBN Brest)

Un impact réel sur les oiseaux emblématiques des monts d’Arrée

Selon les données avifaunes du Parc et les observations des spécialistes de Bretagne vivante, les pertes ont été limitées pour les espèces d’oiseaux emblématiques des monts d’Arrée comme les courlis cendrés et les busards Saint Martin et cendrés. En effet, les incendies ont eu lieu en fin de période de nidification et pendant leur période de migration. L’impact sur ces espèces est surtout indirect avec la destruction de plusieurs sites de nidification. Un couple de Courlis et deux couples de busards saint Martin ont niché cette année sur le périmètre incendié.

Cependant, l’impact indirect est réel sur ces espèces. Deux sites de la faible population de courlis cendrés ainsi que cinq sites de busards cendrés ont été abandonnés en zone incendiée, ce qui correspond pour ces derniers à environ un quart de la population de l’espèce. Au moins trois sites de nidification du busard saint-Martin ont été abandonnés cette année

Busard Saint Martin © G. Ingrand

Courlis cendré © M.Benmergui OFB

 

Un bilan plus lourd pour la micro-faune

L’impact a été beaucoup plus direct pour d’autres espèces qui n’ont pas pu fuir (insectes, mollusques, petits mammifères, passereaux, amphibiens...). C’est le cas de l’Engoulevent d’Europe qui niche au sol à cette période. L’incendie a causé une mortalité importante chez les invertébrés et notamment les moins mobiles comme les araignées, les fourmis et les escargots, dont l’Escargot de Quimper dont de nombreuses coquilles ont été retrouvées. Les espèces qui ont des nids profonds ont pu échapper à l’incendie dans les secteurs où le feu a été courant. De même, dans les zones humides, là où le feu est passé rapidement, des larves et espèces aquatiques ont pu survivre. 

Dans les secteurs de landes sèches incendiées, la totalité des passereaux emblématiques des landes ont disparu (fauvette pitchou, locustelle tacheté, bruant jaune, bruant des roseaux, pouillot fitis,...), à l’exception des alouettes et des pipits farlouses qui peuvent nicher en végétation rase. Cela prive également la population de rapaces de zones de chasse dans les espaces incendiés. Les tourbières du Yeun ont été moins impactées et la population de passereaux, traditionnellement plus faible, semble se maintenir.

Paradoxalement, les populations de reptiles semblent avoir été moins impactées. Les lézards vivipares sont assez abondants dans les zones incendiées et des vipères péliades ont été observées dans plusieurs secteurs. L’incendie s’étant produit un jour où les températures atteignaient 40 degrés, il est possible que les individus qui avaient cherché refuge sous terre pour se rafraîchir aient pu être en partie épargnés.

 

Un suivi scientifique sur plusieurs années 

Pour les mammifères, les suivis mis en place permettent d’évaluer le retour de certains micromammifères depuis la périphérie du site.

La recolonisation est assez lente car les espèces sont dépendantes du retour de la végétation et des individus, plus ou moins mobiles, en périphérie et dans les zones préservées. Cela montre l’importance de préserver et gérer durablement de grands espaces naturels de landes et tourbières pour permettre, avec le temps, une recolonisation naturelle des espèces animales et végétales des secteurs épargnés vers les sites incendiés.


 

 

Le 16 septembre dernier, une partie du réseau des bryologues bretons s’est retrouvée dans le Morbihan sur la commune du Faouët. L'objectif de la journée était de rechercher plusieurs espèces mentionnées historiquement (fin XIXe, début XXe) aux abords de la chapelle Sainte-Barbe et le long du cours d'eau de l'Ellé. Les conditions stationnelles, faites d'un climat hyperocéanique marqué et d'une humidité atmosphérique importante dans un fond de vallon encaissé, en font un lieu d'une très forte richesse bryophytique. Plusieurs espèces particulièrement rares en France ont ainsi pu être observées telles que Fissidens polyphyllus et Harpalejeunea molleri.


Fissidens polyphyllus © Valentin Hamon
 

Harpalejeunea molleri ©Paol Kerinec - CBN Brest

 

Retrouvez le calendrier des sorties ici 👉 https://www.cbnbrest.fr/ecolibry/#prg

Le Sélin de Brotero (Selinum broteri) est une plante de la famille des Apiacées, restée longtemps méconnue en France. Identifiée pour la première fois dans les années 1980 seulement, cette espèce à répartition ibéro-armoricaine est aujourd’hui recensée dans le monde au Portugal, en Espagne et en France où elle est connue dans le Finistère, les Côtes-d’Armor, le Morbihan et la Manche. Le Massif armoricain possède ainsi une forte responsabilité vis-à-vis de sa préservation.

Le Sélin de Brotero a été recensé en 64 localités armoricaines, mais ne semble subsister aujourd’hui qu’en 26 d’entre elles, principalement en raison de la destruction de son milieu naturel ou de pratiques de gestion inadaptées à cette espèce. Face à cette forte régression, le Conservatoire botanique national de Brest, avec la contribution de son réseau d’observateurs bénévoles et du service des Canaux de Bretagne (où se trouve une part importante des populations armoricaines), actualise le plan d’actions en faveur du Sélin de Brotero initié en 2001.

Ce plan se structure autour de quatre grands axes :

  • amélioration des connaissances de l’état des populations,
  • gestion des stations,
  • mesures de conservation ex situ,
  • actions d’information et de sensibilisation.

La plante, pouvant être confondue avec le Sélin à feuilles de Carvi (Selinum carvifolia), ou encore avec la Carotte sauvage (Daucus carota), fleurit de juillet à septembre. Elle se reconnaît notamment grâce à ses feuilles de la tige différenciées des feuilles de la base, et à ses ombelles fructifères qui se contractent à maturité.

 

Aussi, ouvrez l’œil cet été !

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