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Pour la dernière sortie organisée par le Conservatoire botanique en Pays de la Loire cette année, les correspondant.e.s bénévoles se sont retrouvé.e.s sur les grèves du lac d'Apremont en Vendée, une retenue d'eau créée en 1966 et qui permet d'alimenter 130 000 personnes en eau potable. Voici le compte-rendu de leur sortie botanique du 19 septembre 2021.

 

Contexte

La Vendée possède assez peu de ressources d'eaux souterraines et aucun grand fleuve n'y circule. Pourtant, les besoins sont grands : eau potable pour la population et pour les estivants qui sont nombreux, eau d'irrigation pour les cultures céréalières qui couvraient 103 000 ha en Vendée en 2010. Ainsi, le département possède 13 retenues pour la production d'eau potable.

La retenue du lac d'Apremont a fait l'objet de peu d'inventaires floristiques sur la partie marnante, alors que les abords sont plutôt bien connus.

Malgré les niveaux d'eau trop hauts (réservoir encore rempli à 46%) pour accéder à la plus vaste zone de grèves située au confluent de la vie et de la Petite Boulogne, les botanistes sont tout de même parvenus à herboriser sur la partie la plus en amont de la retenue, sur le bras de la Vie, où ils ont pu observer une végétation typique des grèves exondées.

 

Les espèces observées

 

  • Dans la ceinture d'hélophytes** depuis longtemps hors d'eau : Lycopus europaeus, Iris pseudacorus, Scutellaria galericulata, Stachys palustris, Angelica sylvestris et un petit massif de Menthes, composé de Mentha aquatica et de Mentha arvensis. Les botanistes ont pu parfaitement observer les deux espèces, leur odeur respective, les dents du calice (fines et pointues chez aquatica, triangulaire chez arvensis). Ils ont aussi vu Mentha x verticillata et relevé les caractères intermédiaires de cet hybride, fréquent mais peu noté car difficile à identifier en dehors de la période de floraison qui est assez tardive (il a globalement l'odeur de M.aquatica et les inflorescences verticillées de M.arvensis).



    **Les hélophytes sont des végétaux finissant par développer un appareil végétatif et reproducteur totalement aérien, mais en gardant leurs appareils souterrains dans un substrat vaseux gorgé d'eau. Certaines commencent leur cycle à l'état submergé alors que d'autres commencent d'emblé comme un végétal terrestre (d'après M.Montegut - Tome 1 - Milieu aquatique et flore)".

 

  • Un peu plus bas, dans une ceinture à substrat plutôt grossier, exondée depuis plusieurs semaines et où la végétation était bien avancée : Crypsis alopecuroides, Plantago pleiosperma (P.major subsp. intermedia), Polygonum lapathifolium, Bidens tripartita, Digitaria sanguinalis, Lipandra polysperma (=Chenopodium polyspermum), Gnaphalium uliginosum, Lythrum portula, Corrigiola littoralis, Lindernia dubia, Rorippa palustris, Oxybasis rubra (=Chenopodium rubrum) extrêmement nanifié...
  • Plus bas encore, dans un substrat plus vaseux : de toutes jeunes plantules de Limosella aquatica (au stade de feuilles linéaires), et de nombreuses plantules difficiles à identifier (parmi lesquelles probablement Amaranthus blitum).
  • Sur une partie vaseuse (atterrissement) : une vaste population de Rorippa amphibia, quelques pieds de Cyperus fuscus et un seul pied de Panicum barbipulvinatum (=Panicum capillare var. occidentale), espèce exogène encore assez méconnue mais très répandue sur les grèves.
  • En remontant près de la berge : Rosa stylosa à ses feuilles légèrement velues dessous, aux folioles assez étroites, finement dentées et aux cynorrhodons pourvus d'un disque stigmatique particulièrement bombé/conique, les styles en colonne mais non soudés, et les pédicelles glanduleux. Leersia oryzoides et Dysphania ambrosioides (=Chenopodium ambrosioides), viennent compléter l'inventaire des hauts de grèves.
  • Sur le retour, quelques pieds d'Amarante correspondant, pour l'une d'elle, à la description d'Amaranthus hybridus subsp. hybridus var. pseudoretroflexus, et pour l'autre, à Amaranthus blitum subsp. blitum, réputée indigènes et en déclin dans les cultures, sont collectés.
  • Le long du lac vers le Nord : Sparganium erectum subsp. oocarpum, sous-espèce hybridogène notablement méconnue, à utricules très gros et trapus, peu nombreux (infrutescence majoritairement avortée), Solanum chenopodioides, surtout connu, en Vendée, des marais Poitevin et Breton, non signalé ailleurs alors qu'il est fréquent dans les milieux fortement anthropisés (Villes) et bords de route en Loire-Atlantique. Les botanistes se risquent à goûter son fruit mûr, par analogie avec Solanum nigrum dont les baies ont le goût d'une tomate très sucrée et un peu douceâtre. Ici, le goût est persistant, sucré, légèrement amer et laisse une sensation proche de celle de la réglisse. Étonnant mais pas forcément apprécié de tous !

   

   

Après cette dégustation, ils se quittent, heureux d'avoir pu échanger autour de leur passion commune "en chair et en os" ! Ils espèrent se revoir dès 2022 pour une nouvelle saison d'herborisations.

Rédaction : Fabien Dortel.
Photos : Cédric Perraudeau et David Hamon.

 

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Pour aller + loin

 

Contact

Fabien Dortel
Responsable régional du réseau des correspondant.e.s bénévoles
Chargé d'études flore
Antenne Pays de la Loire
Conservatoire botanique national de Brest
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